30 janvier 2023
C’est une grande première.
Aëla Chanel, originaire de Voiron et qui travaille aujourd’hui pour une marque de luxe à Paris, participera le 18 février prochain au concours de Miss Isère à Allevard-les-Bains. C’est la première femme transgenre à participer à ce concours. A quelques jours de ce rendez-vous, l’Iséroise de 33 ans s’est confiée au micro de Radio ISA.
Vous êtes donc la première candidate transsexuelle à participer à Miss Isère. Est-ce une fierté pour vous ?
Je ne sais pas si c’est le mot. Je pense que ça va de soi. Ce n’est pas mon premier concours (elle a été élue miss transgenre en 2020, ndlr). Je suis arrivée là un peu par hasard et je me suis prise au jeu quand j’ai compris quels enjeux derrières Les miss sont censées représenter la société actuelle, donc en tant que femme, transgenre, je suis une femme comme les autres. C’est donc normal que les femmes transgenres puissent être représentées dans ce genre de concours. Et je suis très heureuse de pouvoir représenter l’Isère, c’est ce département qui a fait la femme que je suis aujourd’hui.
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Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans cette aventure de Miss Isère ?
Je suis vraiment passionnée par les concours de beauté. On est là aussi pour faire passer un message, et c’est très important. Je me suis vraiment prise au jeu. C’est une très bonne école !
J’ai candidaté à Miss Isère un peu par hasard. J’ai fait ma dernière opération le 20 octobre et j’étais en arrêt maladie pendant deux mois. Et comme je ne supporte par ne rien faire chez moi, j’ai essayé et les planètes étaient plutôt alignées.
Revenons un peu sur votre parcours. Vous avez débuté votre transition à l’âge de 26 ans. Comment avez-vous fait ce choix, avez-vous eu ce déclic ?
Ma réflexion est arrivée très tôt en réalité, il y a bien plus longtemps que le début de ma transition. Lorsque j’avais sept ans, je regardai la télé avec toute ma famille et il y a eu une publicité sur un reportage concernant une danseuse de balai chinoise, qui est très connue pour avoir été l’une des premières femmes à avoir fait sa transition. C’est là que j’ai eu un très gros déclic, ça a été assez intense. C’est là que j’ai compris qui j’étais. Naïvement, je pensais qu’à 18 ans, j’aurais pu tout changer, mais ça a pris beaucoup plus de temps, notamment avec les études et le travail.
Même si ce n’est que le début de votre aventure, est-ce qu’on rêve tout de même de participer à Miss France et, pourquoi pas, d’aller chercher cette couronne ?
Ce serait vraiment une très belle victoire personnelle. Toute ma famille serait fière. Ce serait aussi un très beau message que l’on donnerait à la France, mais aussi à l’international.
Maintenant, j’ai beaucoup de travail, la concurrence est rude. Les autres candidates sont aussi géniales, elles ont beaucoup à apporter. Je vais tout donner et puis advienne que pourra !
La participation d’une femme transgenre à ce concours est aussi le symbole que la société évolue, mais il y a toujours des messages à faire passer ?
Personnellement, je suis née en 1989, on était dans une autre société. La France n’était pas du tout la même. En plus, j’ai grandi dans un milieu très rural, très reculé.
A l’époque, on avait un système très binaire : les garçons devaient jouer aux voitures et aimer le bleu, les filles à la poupée et aimer le rose. Quand vous avez ce genre de schéma de pensée, on ne peut pas savoir qui l’on est vraiment. Ça a été mon plus gros souci lorsque j’étais enfant. On n’avait pas les clefs pour comprendre. Il est temps d’élargir notre vision, notre esprit et le panel de la diversité, au sens large.
Par Baptiste Berthelin
Crédit photo : Instagram @aelachanel