Procès Lelandais : une sixième journée marquée par les témoignages des parents et de la sœur de Maëlys


07 février 2022

Enormément d’émotion et de courage du côté de la famille de la petite Maëlys.

Voici ce qu’il faut retenir de ce sixième jour du procès de Nordahl Lelandais.

Ce lundi 7 février, la cour d’assises de l’Isère est, tout d’abord, revenue sur les abus sexuels que l’ancien maitre-chien a commis sur sa petite cousine de 6 ans. Nordahl Lelandais a alors reconnu ses penchants pédophiles.

En deuxième partie de journée, la cour est revenue sur l’affaire de la disparition de la petite Maëlys fin août 2017 à Pont-de-Beauvoisin. C’est sa mère, Jennifer Cleyet-Marrel, qui est venue la première à la barre. Devant elle, face à la présidente, un portrait peint de Maëlys. Face à Nordahl Lelandais, installé dans le box à sa droite, une photo de sa fille. Elle s’est alors adressée à sa fillette de 8 ans : « Tu étais mon rayon de soleil et cette nuit terrible, tout est devenu sombre dans ma vie. Mon poussin, tu allais avoir bientôt neuf ans, tu avais toute la vie devant toi, et à un mariage, un jour de joie et d’amour, tout a basculé. Comment faire pour vivre sans toi Maëlys ? Si j’avais su que c’était la dernière fois je te serrais dans mes bras au moment du dessert, le dernier bisou sur ta joue, je ne t’aurais jamais lâché pour te laisser partir t’amuser ».

Un message dans lequel elle n’a pas caché son sentiment de culpabilité : « Je n’ai pas su te protéger des méchants. Je n’ai pas tenu la promesse que je t’avais faite, je me sens coupable de ne pas t’avoir surveillée ce jour-là, de l’avoir cru quand il (Nordahl Lelandais) m'a dit qu’il ne t’avait pas vu, de ne pas avoir écouté mon intuition », avant de conclure : « Maëlys, tu aurais été certainement une grande dame, tu manqueras éternellement à ma vie. Je t’aime de tout mon cœur ».

Lorsqu’elle est ensuite revenue sur les faits, Jennifer Cleyet-Marrel a assuré que sa fille ne serait jamais montée dans le véhicule d’un inconnu : « Elle ne serait jamais montée dans une voiture pour voir des chiens, car elle en a trois à la maison déjà ».

Après ce témoignage, une vidéo avec des photos de la petite Maëlys, sur une musique de Vitaa et Slimane a été diffusée.

Un père brisé, qui a perdu « son guerrier de lumière »

C’est ensuite Joachim De Araujo qui est venu témoigner. Il a d’abord demandé à mettre le portrait de sa fille face à lui, pour s’adresser directement à elle : « Maëlys, mon ange, mon guerrier de lumière, je me souviens d'avoir dit un jour qu'en cas d'agression tu devais crier très fort et appeler au secours. Quand Monsieur Lelandais a été arrêté j'y ai repensé. Les traces de griffures sur lui, je me dis que tu m'as écouté et que tu as essayé de te défendre ».

Un homme qui a tout perdu aujourd’hui. « Il n’y a pas un jour sans que je me souvienne de cette soirée. Je suis un papa, perdu en mer, qui suit les vagues, sans aucune destination, et qui tente de sortir la tête de l'eau. Privé de toi ma fille, de ta sœur qui s'éloigne de moi et puis cette séparation avec ta maman... », ajoute-t-il.

La dernière fois qu’il a vu sa fille, il a dansé avec elle, avant qu’elle ne retourne jouer. « Si j’avais su, je l’aurais gardée avec moi… », conclut-il.

A seulement 16 ans, la sœur de Maëlys interpelle Nordahl Lelandais

C’est un témoignage plein de courage et de force que la sœur de Maëlys, Colleen, est venue faire ce lundi. Elle aussi, dans un premier temps, s’est adressée à sa sœur. « J’ai beaucoup entendu dire, "qu’est-ce ça fait d’être le frère ou la sœur de Nordahl Lelandais". Moi je vais vous dire ce que c’est d’être la sœur de "la petite Maëlys". Je voudrais vous parler de ma sœur, de ma guerrière, de mon exemple. Maëlys, je n’ai pas pu te dire au revoir car ce monstre t’a arraché à moi et ma famille ».

Elle est ensuite revenue sur les passions de sa sœur, son tempérament, elle qui avait « toujours à cœur de soutenir les gens ». « Comment peut-on faire du mal à une petite fille comme toi ? », se demande-t-elle.

Après, la jeune fille s’est directement adressée à l’ancien militaire, les yeux dans les yeux. « Vous pensez être un dur, dominer les autres, être fort et qu’il n’y a que votre personne qui compte, vous le narcissique, l’acteur de cinéma. Profitez bien de votre gloire médiatique, de votre cellule tout confort avec télé, ordinateur, téléphone portable, cartes SIM, drogue et rendez-vous avec vos copines. Mais en fait, c’est vous le déchet ».

Puis elle a interrogé Nordahl Lelandais : « Avez-vous violé ma sœur ? ». « Non, je n’ai pas violé votre sœur », répond alors l’accusé. « Qu’est-ce qui vous empêchait de nous dire où était ma sœur pendant des mois ? ».  « C’était compliqué d’expliquer », ajoute-t-il avant de conclure : « J’ai essayé de le dire, mais personne ne me croit ». Finalement, l’adolescente n’a pas obtenu plus de réponse, Nordahl Lelandais préférant garder le silence.

« On a eu deux grandes dames de plus à la barre de cette cour d’assises »

Un témoignage, fort, qui a ému toute une salle. Maître Fabien Rajon, l’avocat de la mère de Maëlys, est revenu sur ces déclarations, mais également les précédentes :

Maître Laurent Boguet, qui défend le père de Maëlys, n'a pas caché son émotion non plus après cette journée :

Par Baptiste Berthelin

L'intégralité de ce procès est à suivre sur le compte Twitter de Radio ISA.